September 09
Classica

  • CD Beethoven

 

Nous avions découvert Cédric Pescia, pianiste franco-suisse dans un magnifique album de 2 CD consacré à Robert Schumann, déjà chez Claves. Il nous impressionne encore davantage en réussissant des lectures particulièrement accomplies des trois dernières Sonates de Ludwig van Beethoven, alors qu´il est tout juste trentenaire. Il s´écarte du jeu rude et intransigeant, comme saisi d´une terreur sacrée, qu´adoptent presque instinctivement des artistes aussi différents que Maurizio Pollini (DG), Claudio Arrau (Philips) ou Alfred Brendel (III-Philips), style que certains trouvent justifié par l´élévation spirituelle de ces pages, mais qui peut sembler bien austère à d´autres. Cédric Pescia ose conserver toutes les séductions d´un pianisme souple, félin, chantant. Les mouvements initiaux des Sonates op. 109 et 111 évoquent la poésie d´un Edwin Fischer jadis, ou d´Alfred Brendel-II (Philips « Duo »). Il prend le temps de fouiller le texte, de souligner les détails de nuances raffinées. Il ne s´adonne pas à des contrastes prodigieux comme Stephen Kovacevich (EMI), alternant sauvagerie et infinie douceur. Le Maestoso-Allegro con brio de la Sonate pour piano op. 111, bien que superbement orchestré, n´atteint pas l´intensité de la lutte à mort sans merci de ce dernier. Le seul reproche que l´on pourrait adresser à Cédric Pescia est d´adopter des tempos un brin allants et robustes dans les grandes variations des Opus 109 et 111, moins abyssalement méditatives que celles de Stephen Kovacevic, quoique fort bien menées. Il possède toutefois l´immense mérite de nous offrir des approches simplement humaines, plus immédiatement accessibles et même séduisantes de ces chefs-d´œuvre inouïs que beaucoup trouvent intimidants.

 
Philippe van den Bosch